la toiture a pédals
Françoise Petitdemange - la toiture a pédals, roman, 1993, 229 pages, 15 euros.
Après avoir bien joué avec le papier d'emballage, voici le moment, pour Philippe, de découvrir le cadeau que vient de lui offrir sa marraine à l'occasion de ses trois ans.
- oh une touèture! / - Mais non, vvvoi-ture, répète. / - tttouè-ture!
une touèture! une touèture a ilipe une touèture iouje
- Eh ben, monte dedans, ne marche pas à côté. / - Attends, papa...
papa souve ilipe ilipe souvé papa ilipe an touèture
- Mets tes pieds sur les pédales. Tiens, là. Mets tes mains, là, et pousse avec tes pieds.
lé petons a ilipe su pédals papa pousse touèture è ilipe pati vèc touèture
- Tiens, t'as même le klaxon.
"tut!"
Pour Philippe, le monde est peuplé de jouets : les personnes, les choses, les sons, et puis, bien sûr...
- cè coi dé mos?
ilipe i lè su lé jenous de papa è i rga lé mos
- C'est tout ce qu'on dit quand on parle. / - cè coi con di? / - Tous les mots : Philippe, c'est un mot ; maman, c'est un mot ; papa, c'est un mot.
è touèture?
- C'est aussi un mot.
è rouje?
- C'est encore un mot.
è nounous?
- Nounous aussi, c'est un mot. C'est tout ce qu'on dit quand on parle. / - cè ki on?
Mais bientôt, il va falloir quitter "maman è papa", "nounous è toiture", et puis aussi les mots d'une langue, bien à lui, forgée de toutes pièces dans sa bouche.
- D'abord, papa, il va t'apprendre à dire ton nom.
"ton non"
- Tu es grand maintenant, tu n'es plus un bébé : tu ne peux plus dire Ilippe.
"a lécole tou le monde se mokrè de touè"
- A l'école, tu devras bien dire Philippe. Tu comprends?
papa la lé ieux sévèrs
- conpri ilipe
Et puis un jour, un autre capte toutes les attentions.
le pti frèr i lè dan lé bras de papa
- Cyrille!
i lapèle papa mé
- i nè pa trè côzan
i la dé toutes petites mins épi dé tous petis piés / je pouré pa jouer avèc lui o fout
- cè can ke je pouré jouer avèc? / - Pas tout de suite. Il faut encore qu'il grandisse un peu.
i va ancor faloir du tan pour ki soi gran
Philippe, lui, il est grand. Et il va à l'école. Et à l'école, il y a Isabelle.
maman
- Philippe! Alors, tu viens?
maman el a le pti frère a la méson philippe i la babel a lécole / lés petis garsons è lés petites filles i regarde maman tou laba o fon de la cour / mé philippe i bouje pa / laca venir
- Alors, tu viens!
maman vien chèrcher philippe / lés petis garsons è lés petites filles i dise o rvouar a philippe / moi i fè un pchou avèc la min o petis garsons è o petites filles
- Ça fait cinq minutes que je t'attends, près de la porte. Tout à l'heure, tu ne voulais pas aller à l'école.
Pour Philippe, tout est spectacle. Et la télévision n'est autre chose qu'une boîte à fabriquer du spectacle pour petits et grands.
- chchchuttt!
lés me sieus i côze plu i regarde la télé è i zécoute lés me sieus qui parle dan la télé / philippe i se mè assi partèr acoté dés me sieus sur lés chèzes / cè rigolo lés me sieus qui joue o ballon / mé philippe i voi pa le ballon è lés me sieus i son tou petis petis petis / ya dés me sieus qui on dés chorts bleus épi ya dés me sieus qui on dés chorts blans
- cè qui lés me sieus qui joue? / - La France contre l'Italie.
i di le me sieu jorjel
- lafranse contre litali?
L'événement, ce peut être le retour à la maison d'un objet qui, pour être réparé, est resté tellement longtemps en dehors de l'univers quotidien qu'on l'avait perdu de vue. Le voici, tout à coup, qui ressurgit...
- Tu bouges pas, hein, gamin. Je recule la camionnette.
le mesieu la disparu / è la camionète el recule tou doussman
- tien on va ravoir de la muzic
philippe i va voir
- papa! vla la boite a muzic! vla la boite a / - La boîte à musique? / - ouiii / - Le juke-boxe, il veut dire.
Frédéric, c'est le copain, le gêneur, le grand frère, le rival, le confident, l'ami dont, à quatre ans et demi, Philippe n'imagine pas pouvoir se séparer.
- vien nounours on i va san voiture
philippe i sore de la voiture è i coure tou vite
- fré!-dé!-ric! / - ouhou!
philippe i retien nounours toucontre son coeur avèc le livre è la pome è...